Riopelle, Jean-Paul, peintre, sculpteur et graveur (Montréal, 7 oct. 1923 – Ile-aux-Grues, Qué., 12 mars, 2002). Il s’est formé auprès de deux maîtres complètement différents: Henri Bisson, peintre académique pour qui même l’impressionnisme était un peu outré, et Paul-Émile Borduas qui se voulait à la pointe de l’avant-garde et surréaliste. Ce dernier finira par l’emporter et Riopelle se joindra au groupe des AUTOMATISTES, exposera à Montréal avec eux, en 1946 et en 1947, et signera le manifeste du REFUS GLOBAL, en 1948.
Mais déjà le cœur de Riopelle est à Paris, où il finit par s’installer. C’est là qu’il trouve sa voie, ce qu’il appelle le hasard contrôlé. Il s’associe brièvement avec les surréalistes à Paris. Il est le seul Canadien à exposer avec eux en 1947. Mais il a finalement plus d’affinités avec le groupe dit d’abstraction lyrique.
Les années 50 sont celles de sa consécration à Paris (le critique Georges Duthuit s’intéresse à son travail) et en Amérique (Biennale de São Paulo en 1951 et 1955; Younger European Painters au Guggenheim en 1953; Exposition internationale de Pittsburgh en 1958 et 1961). C’est aussi la période de ses « grandes mosaïques », tableaux peints à la spatule, faits d’éléments multicolores juxtaposés de façon telle qu’ils rappellent un paysage vu des airs.
Avec les années 60, Riopelle diversifie ses moyens d’expression, touchant autant l’encre sur papier, l’aquarelle, la lithographie, le collage que l’huile. Sa peinture prend aussi plus de risques, comme s’il cherchait à se défaire de ses réussites passées pour explorer de nouvelles avenues. Les tableaux deviennent plus chaotiques et plus matérialistes, Riopelle demandant à la matière de le délivrer de la forme, de sa forme. Le grand tableau Point de rencontre, 1963, qu’il destinait à l’aéroport de Toronto et qui est maintenant à l’Opéra Bastille de Paris, est le chef-d’œuvre de cette période. À partir de 1969, Riopelle réalise plusieurs sculptures dont la fontaine du Stade olympique à Montréal, intitulée La joute en l’honneur des héros sportifs de son enfance, les joueurs de hockey. En peinture, il se lance dans la série des Hiboux, et au même moment se passionne pour les jeux de ficelle inuits.
En 1972, à la suite du décès de sa mère, il retourne au Québec et aménage un studio à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson dans les Laurentides. Un voyage dans le Grand Nord lui révèle des paysages noirs et blancs insoupçonnés. Il en résulte la série des Icebergs. Pour les années 80, on parle souvent d’un « retour à la figuration » chez Riopelle, mais on pourrait dire qu’il ne s’en est jamais vraiment éloigné. Il poursuit sa série sur les Oies blanches, grandes migratrices comme lui. En même temps, il abandonne les méthodes traditionnelles de peinture pour leur préférer la bombe aérosol et procède souvent par impressions négatives, c.-à-d. qu’il projette sa couleur sur un objet qu’il retire ensuite de manière à n’en conserver la forme qu’en négatif sur la toile.
L’Hommage à Rosa Luxemburg, 1992, installé maintenant au Musée de Québec, marque le point culminant de cette période et est considéré comme le testament artistique de Riopelle. C’est aussi un hommage à l’amour, à la peintre américaine Joan Mitchell qui fut sa compagne pendant 25 ans. Riopelle a vécu au Québec ses dernières années, ses ateliers étant situés à L’Estérel et à l’Île-aux-oies, dans le Saint-Laurent, en amont de Québec.
Auteur François-Marc Gagnon