Prendre son temps à Venise… c’est prendre le temps de faire une sieste sur un banc dans un quartier peu fréquenté avec comme seul bruit les ailes d’un oiseau qui s’envole, prendre doucement un café à une petite terrasse. Prendre le temps de l’inattendu comme de visiter le Palazzo Molin, un palais transformé en appartements de Luxe en vente par Sotheby’s International Realty, la directrice Ann-Marie Doyle est souriante et très drôle, un moment fort sympathique. Prendre le temps de discuter longuement avec la galeriste de Contini. Aussi, prendre un verre de vin dans la cour intérieure du Centurion Palace, bref je vous conseille de vous laissez imprégner doucement de la Sérénissime.
La biennale d’art de Venise est considérée comme l’une des plus prestigieuse manifestation artistique dans le monde, créée en 1895, nous en sommes à la 55e édition et c’est un total de 88 représentations nationale, sois une de moins qu’en 2011. Il s’agit en quelque sorte des jeux olympique de l’art, tous les deux ans. Le directeur artistique est l’Italien Massimiliano Gioni et son exposition s’intitule « Il Palazzo Enciclopedico » (Le Palais encyclopédique). Pas question pour nous de faire la fine bouche et d’utiliser le « C’était mieux avant », il y avait manne à biennale et le niveau est toujours très relevé.
Le Pavillon des Bahamas est mon grand coup de cœur de cette biennale, l’artiste aux multiples talents Tavares Strachan nous plonge dans le froid d’une expédition arctique. Chacune des œuvres est selon moi digne d’intérêt, du grand Nanook, un collage fait de multiples découpures de produits de consommation américain à l’Inuit en lévitation. Impressionnant, j’ai tout aimé ! Le pavillon Russe au delà de la performance d’un homme qui mange des cacahouètes assis sur une selle depuis une poutre du plafond… me laisse sur une impression, de tourner en rond autour du thème de l’affirmation de la puissance russe. Le pavillon du Portugal un bateau à quai, comporte une salle obscurcie avec une lumière bleue comme les faïences qui recouvrent tous les extérieurs du bateau. Puis nous l’arguons les amarres pour une boucle de 30 minutes vers la Punta de la Dogana pour revenir au Giardini, superbe croisière au son d’un fado mélancolique.
Dans la pavillon central des Giardini nous avons beaucoup aimé la performance au sol, danse, voix, un exercice en miroir familier des écoles de théâtre, une œuvre de Tino Sehgal gagnant du lion d’or de l’édition 2013. Plus la frontière est flou entre celui qui dirige et celui qui est dirigé et plus l’exercice est réussi, et là il était très réussi ! Aussi, dans le pavillon central, beaucoup de mouvements dans les études sur la mer du nord de Thierry de Cordier.
L’intégrale des 50 chapitres de la Genèse de Robert Crumb, nous est perçue comme un clin d’œil de l’exposition de 2012 que nous avions vu sur Crumb au musée d’art moderne de la ville de Paris. J’ai immédiatement reconnu le trait de crayon en entrant dans la pièce. Les 90 sculptures, plastique sur métal, chacune de l’ordre de 2 mètres de hauteur sont l’œuvre du polonais Pawel Athamer, des visages très expressifs de vénitiens sur des corps décharnés, le corps véhicule de l’âme. Un artiste qui a exploré les différentes formes d’altération de la conscience par l’utilisation de drogues, telle que Hash, LSD, peyotte et l’hypnose. Le pavillon du Kenya, nous laisse songeur, environ 80% des œuvres sont la création d’artistes chinois, comme si le pays était vampirisé par la Chine… Coup de cœur au musée du diocèse de Venise qui héberge les tableaux et la fleur géante intitulé Love & Peace créé par Ana Tzarev.
Nous avons choisi de ne pas faire le Palozzo Grassi et d’opter pour la Punta de la Dogana, l’accueil ce fait par une vidéo en répétition agressive du clown de Bruce Nauman, j’aime cette folie dans l’absurde. Grande réussite des christs fait de fils barbelés par Adel Abdessemed qui ont le visage exprimant fortement la souffrance de la crucifixion ou la misère du monde. Aussi, je tiens à souligner les 4 bronzes patinés de Thomas Schutte.
Chez la galerie Contini, sans aucun doute la plus belle et prestigieuse galerie d’art de Venise, nous avons pris le temps de discuter longuement avec la galeriste Paula Parmeggiani, c’est un exercice auquel je m’engage très rarement. Le Digital Boat de Fabrizzion Plezzi est en vente, il était dans le pavillon de Venise lors de la biennale de 2011. Les toiles de Enzo Fiore avec les Big Gun de l’art, Andy Warhol ou Jean-Michel Basquiat des tableaux composés de gravats, insectes et résine, un travail qui demande abnégation et patience.