Tous les cinq ans dans le land de Hesse en Allemagne sur les rives de la Fulda, Cassel devient l’épicentre de l’art contemporain pour seulement 100 jours. Malgré une périodicité longue et un temps d’exposition court, elle est devenue une valeur sûre dans le monde de l’art. Documenta est fréquentée par environ 750 000 visiteurs, dont 40% de professionnels et 30% d’étrangers.
Documenta fut créée en 1955 comme un événement unique, par Arnold Bode professeur d’art. Il prône une approche pédagogique de l’histoire récente de l’avant-garde dans le but de retisser le lien entre le public et l’art moderne international, une façon d’exorciser les années sombres du nazisme.
Pour l’un de nos artistes favoris Stephan Balkenhol tout a commencé ici, après sa visite de la documenta de 1972. Ce fut une découverte fondamentale et un acte fondateur, il décida en effet d’entreprendre des études d’art à la suite de cette rencontre avec le monde artistique, il expose dans une église près du Fridericianum un artiste qui dit peu sur son art, mais montre beaucoup.
Le directeur de la 14eme édition est Adam Szymczyk, qualifié par le New-York times de « superstar parmi les curateurs » il est également récipiendaire du Walter Hopps Award for Curatorial Achievement en 2011 pour sa contribution significative au milieu de l’art. En 2013, pour la documenta il quitte ses fonctions de directeur de la Kunsthalle Basel un haut lieu de l’avant-garde de l’art contemporain qu’il occupait depuis 2003.
Pour la première et unique fois, un premier acte a eu lieu à Athènes. Adam Szymczyk a voulu « sortir d’un temps, un lieu, une action. Faire les choses autrement, modifier le regard que l’on porte sur l’art contemporain et le libérer du carcan institutionnel rigidifié autour de lui et qui sait comme ossifier en un système où l’art n’est plus qu’un maillon dans une sorte de chaîne alimentaire qui relie les musées, expos, salons, galeristes, artistes et collectionneurs. Au centre de ce système l’art n’arrive plus à récupérer assez de force pour être un véritable facteur de changement au sein des sociétés. » « Le système actuel, ne fonctionne pas, il n’a aucun pouvoir transformateur. La Documenta donne la voix à ceux qui tente de sortir du cadre ou se positionne totalement hors-cadre»
Devant le Fridericianum , comme un lien entre Athènes et Cassel, le monumental Parthénon du livre de Marta Minujín s’élève sur la Friedrichsplatz. Des livres censurés par différents pays y sont accrochés, sur le lieu d’un des premiers autodafé en 1933.
En avril dernier la capitale grecque était en pleine effervescence artistique pour l’inauguration de la Documenta Athens. Pour l’occasion,les artistes, journalistes et experts s’étaient réunis au Megaron. Pour les nouveaux locaux du Musée national d’art contemporain d’Athènes qui ne furent jamais inaugurés, il s’agissait certes d’une consécration tardive, mais importante. Ce musée n’aurait, en effet, pu bénéficier d’une tel mise en lumière sans Documenta
Depuis les philosophes grecs à la situation politico – économique actuelle mais également avec le drame des réfugiés, nous avons beaucoup à apprendre d’Athènes.