3 semaines au Québec


Il n’y a pas de terres étrangères seul le voyageur est étranger

Montréal

Au Théâtre du Rideau-Vert, la pièce Rouge un huis clos captivant entre le célèbre peintre Mark Rothko et son apprenti, où les réflexions sur l’art se mêlent aux expériences vécues par les personnages et où toutes les certitudes sont remises en question. Gagnante de six Tony Awards (dont celui de la meilleure pièce de théâtre en 2010), la pièce est jouée pour la première fois en français à Montréal.

La frontière habituelle des Musées des Beaux-Arts est l’art moderne, celui de Montréal l’a franchit allègrement avec une large section Art contemporain, Le musée possède une collection riche et diversifiée, avec aussi une aile consacrée à la collection sur l’empereur Napoléon don de l’homme d’affaire en ancien culturiste Ben Weider.

Le Musée d’art contemporain présentait l’étonnante œuvre The clock  un véritable tour de force visuel couronnée en 2011 du Lion d’or du meilleur artiste, décerné par la prestigieuse Biennale de Venise, Christian Marclay est un artiste de réputation internationale. Trois ans ont été nécessaires pour réaliser l’œuvre et a déjà marqué sa génération. The Clock « n’est ni bon ni mauvais, mais sublime ». Il y a également une exposition de Adrian Paci un artiste albanais vivant actuellement à Milan dont la notoriété internationale ne cesse de grandir.

Québec

Au Musée National des Beaux-Arts du Québec, je suis resté, seul et silencieux, durant environ 1h20 pour admirer Hommage à Rosa Luxemburg, la plus grande œuvre jamais réalisée par Jean-Paul Riopelle. Cette séquence narrative de 30 tableaux intégrés en un triptyque mesure plus de 45 mètres de longueur (3 x 15m). Il s’agit en quelque sorte de l’œuvre testament de Riopelle, il a entreprend la réalisation dans son atelier de l’Île-aux-Oies en novembre 1992, après avoir appris le décès à Paris de son ancienne compagne, la peintre américaine Joan Mitchell (1926-1992) une figure majeure de la peinture américaine. Je pense avoir réussi à décoder certains tableaux, essentiellement dans la dernière section.

Les 4 figures de l’art moderne au Québec : Jean-Paul Lemieux, pas suffisamment d’œuvres, une fin de vie très angoissée tourné vers le cosmos : Alfred Pellan en couleur et créativité un vrai contemporain, Jean-Paul Riopelle véritable relai pour le surréalisme d’après-guerre, pour les peintres Québécois, il aura tracé un profond sillon dans l’histoire de l’art. Fernand Leduc décédé le 28 janvier 2014 (à 97 ans), à Montréal toujours dans l’air du temps, l’un des signataire du manifeste Refus Global avec Riopelle.

Extrait de Refus Global « Rompre définitivement avec toutes les habitudes de la société, se désolidariser de son esprit utilitaire. Refus d’être sciemment au-dessous de nos possibilités psychiques. Refus de fermer les yeux sur les vices, les duperies perpétrées sous le couvert du savoir, du service rendu, de la reconnaissance due. […] Place à la magie ! Place aux mystères objectifs ! Place à l’amour ! Place aux nécessités ! » (Borduas, Refus global)

Visite du cluster culturel Méduse un Pôle majeur de production et de diffusion des arts actuels au Québec dont : VU est un centre d’artistes qui se consacre au développement de l’image photographique. Lorsque je vivais au Québec j’étais membre de VU.  Avatar est un organisme sans but lucratif spécialisé dans la recherche, la création et la diffusion en art audio et électronique. Engramme est un centre d’artistes autogéré qui se consacre à la promotion de l’estampe.  SpiraFilm est une coopérative dont le mandat est de favoriser la production et la diffusion d’œuvres cinématographiques indépendantes. L’Atelier de la mezzanine est un lieu unique qui offre un espace de création à des gens souvent marginalisés parce qu’ayant ou ayant eu des problèmes de santé mentale.

Toujours dans Méduse, j’ai assisté à une discussion organisé par Avatar entre plusieurs artistes, avec un sujet flou ou chacun s’écoutant parler et théorisant sur un peu n’importe quoi en dehors du sujet, comment demander à des artistes de définir… Qui y a-t-il de plus auto-indéterminé qu’un artiste ?

Dans la bibliothèque de l’Assemblée Nationale du Québec magnifique bâtiment de style renaissance française, par hasard je tombe sur une exposition de livres rares. Dans une des vitrines de cette expo « Peu de livres changent une vie. Quand ils la changent c’est pour toujours, des portes s’ouvrent que l’on ne soupçonnait pas, on entre et on ne reviendra plus en arrière. – Christian Bobin, La plus que vive. »  Il raconte l’absence de sa femme après le décès prématuré celle-ci. L’écrivain lui rend hommage en parlant des traces qu’il garde d’elle, mais aussi de son amour pour la vie. Durant une convalescence de ma femme, je lui avais fais la lecture de ce livre.

Une seconde plus tard je lève les yeux et devant moi une verrière en vitrail « Je puise, mais n’épuise » créé par Guido Ninchéri l’un des plus importants maîtres verriers du Canada. Il a aussi contribué à populariser la technique de la fresque en Amérique du Nord, il est le créateur des fresques de l’église Sainte-Amélie véritable fierté artistique de Baie-comeau ma ville natale.

Galerie Lounge, tenu le samedi avec beaucoup d’intelligence et d’entregent par l’artiste Lili-Suzanne Arsenault. 112 rue Saint-Paul, Québec

Baie-comeau

L’une des belles surprise de ce séjour fut la découverte du collectif la Dérive sur le boulevard Lasalle avec deux salles d’expositions. Les artistes plasticiens Catherine Arsenault et Richard Ferron explorent, créent et donnent vie à cet atelier de brillante façon. Il est rafraîchissant de découvrir un lieu de la sorte sur la Côte-Nord, espérons que les amateurs d’art et les artistes de la région réussissent à l’inscrire dans la durée.
Puisse

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